Cohérence et paix

Le pouvoir corrompt, et cette triste réalité semble se répéter, indépendamment des époques ou des contextes. Qu’il s’agisse d’un mouvement spirituel ou d’une organisation politique, nous voyons continuellement des leaders commencer avec des intentions louables, puis s’égarer dans des comportements dictés par la cupidité et l’abus de pouvoir.

Ce cycle est aussi vieux que l’humanité elle-même, comme si la pratique visant à éclairer la conscience ne pouvait pas toujours éviter que le cœur se ferme. Ce contraste m’amène à une profonde tristesse face aux figures déchues, et leurs adeptes. Je ne nommerai personne, il y en a partout, dans toutes les sphères. Derrière les masques, il y a avant tout de la souffrance, masquée maladroitement par des stratagèmes immatures pour l’éviter—notamment l’appât du gain et la domination.

Pour moi, la pratique spirituelle ne se résume pas à cultiver l’attention ou la conscience. Elle n’a de sens que si elle ouvre le cœur, si elle nourrit la bienveillance. Je me suis détaché des rituels stricts et des maîtres spirituels établis pour épouser une forme de pratique plus simple, mais pour moi, plus authentique: “caring awareness”—la conscience bienveillante—et “seek discomfort” —la recherche de l’inconfort qui encourage la croissance. Ces deux concepts guident ma vie, dans cet ordre précis.

Caring.

Awareness.

Seek discomfort.

Pour moi, le soin de soi et des autres vient avant stabiliser la conscience et l’attention.

Depuis deux ans, j’écris moins et je m’efforce plutôt de trouver une cohérence entre mes valeurs et la manière dont je vis, pense, parle, et agis. La question que je me pose régulièrement est celle-ci : est-ce que ma vie est le témoignage de mes valeurs et croyances ? Une pratique spirituelle authentique ne se reflète pas seulement dans des discours, mais dans des actions. Ceux que j’admire ne sont pas simplement ceux qui parlent, mais ceux qui agissent, qui incarnent leurs valeurs au quotidien. Les gens vrais. Il sont moins populaires, moins politisés, mais on les retrouves dans de nombreux milieux.

Il ne s’agit pas simplement de rester assis, immobile, à respirer pour éveiller son esprit. La pratique se manifeste dans la manière d’être avec les autres, dans l’ouverture du cœur au moment où la vie nous sollicite. L’autre matin, lorsque mon voisin a appelé à une heure inhabituelle, je n’ai pas ignoré l’appel pour continuer ma méditation. J’ai répondu parce que c’était cela l’objectif ultime d’une méditation—être présent, être ouvert, être bienveillant. À ce moment, ma pratique fut aussi simple que d’offrir ma présence à ses enfants pendant qu’il se rendait à un enterrement, de lui proposer ma voiture pour économiser du carburant.

Pour moi, l’ouverture est le marqueur de la véritable présence. Être ouvert, c’est être prêt à accueillir ce qui se présente—les émotions, les gens, les situations—avec humilité et curiosité, alors que la fermeture est centrée sur soi, teintée de crainte, de résistance, d’avarice. Cette ouverture est physique, mentale et émotionnelle. Être conscient, c’est aussi prendre soin du corps et du coeur, de la même manière qu’on prend soin de son esprit.

Il est facile de se perdre dans des idéaux de spiritualité, dans la recherche de guides ou de communautés qui semblent incarner une vérité supérieure. Mais la vraie question, la seule qui importe pour moi, est celle de la cohérence personnelle, intérieure et extérieure. Mon guide est cette question que je me répète sans cesse : est-ce que ma vie témoigne de mes valeurs et croyances ?

C’est ça qui m’importe, plus que les doctrines ou les figures d’autorité.

C’est ça qui, pour moi, est le chemin vers la liberté.

Et la liberté vis-à-vis la souffrance, ce n’est pas son élimination ou son évitement, c’est traverser avec grâce les périodes inévitables de douleurs qui accompagnent l’existence, supporté par notre propre compassion et celle des gens qui nous entourent.

Cette compréhension, cette cohérence m’aide à mieux vivre, me libère et m’offre une grande paix.

Merci. 

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